Merlat*, il l'aimait bien, la Daphné de Marengo. Il lui a dédié un sonnet dont voici un extrait :
« (…) Ne prenant plus les becs de gaz pour des lanternes
Les filles de ce siècle offrent leur nudité
Sous un tout autre aspect que la tienne, ô Beauté !
Pour plaire aux jeunes coqs, voire aux vieilles badernes... »
Une de ses photographies et quatre vers illustrent aussi une de ses cartes postales. Sur son rocher, la nymphe est comme emmaillotée dans la glace hivernale. Des cygnes louches barbotent dans le bassin. Des cygnes ? C'est Apollon qui lui tourne autour, ouais... Si un commando de dames aux chapeaux verts a mouillé ses guiboles pour aller la couvrir, c'est bien qu'elles voyaient venir la catastrophe**... L'a cherché un peu quand même, la Daphné. Merlat, témoin, d'ailleurs ne disait pas autre chose:
« L'Hiver, la mode exige et manteaux et fourrures,
Et Daphné s'en est mis des tas superflus.
Mais sa pudeur est mince... à ce que l'on m'assure,
Car elle montre à tous ce que l'on cache le plus ! »
Illustrations :
1) CPA (détail, années 1910-1920)
2) Craquante et bien dorée, Daphné (changée en laurier, c'est son titre complet) est de retour en 2022 place Jean-Jaurès. L'originale, réalisée par la fonderie du Val-d’Osne d'après un marbre de Jules Dercheu, a été fondue au profit de l'Allemagne durant l'Occupation. Très bien, et maintenant, il faut retrouver les cygnes !
* Johannès Merlat (1861 – 1937), poète et chansonnier stéphanois, éditeur de cartes postales
** Une nuit de l'an 1910
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