La fille du commandant Marey est venue assister à l'inauguration de la nouvelle exposition des Archives: "Mémoires d'archives, visages de la Résistance: documents et photographies remis aux Archives départementales de la Loire ". Elle est sur une des photos présentées, petite fille vêtue de blanc, avec sa soeur et son père en uniforme, le chef de l'Armée Secrète et des FFI de la Loire durant la Seconde Guerre mondiale.
Nicole Noisette, commissaire de l'exposition: "En mars dernier, avec la Fondation de la Résistance, nous avons mis en place une campagne de sensibilisation et lancé un appel pour collecter des documents. Près d'une dizaine de personnes nous ont contacté, proposant de nous prêter leurs documents, photos ou autres, de les numériser et de les présenter." L'exposition, qui n'a pas l'ambition de faire l'historique de la Résistance dans notre département, présente néammoins des documents très intéressants, émouvants, qui reflètent l'activité de certains réseaux, documents remis, c'est à dire offerts ou déposés aux Archives, soit par des acteurs de la Résistance, soit par leurs descendants, pour en assurer la sauvegarde et la conservation.
Nicole Noisette et Claudius Volle du groupe "93"
" Le groupe Espoir jaillit ainsi d' une rencontre entre une jeunesse généreuse et un journaliste décidé que réunit une voix lointaine portée par les ondes et qui dit: " Battez-vous, et la France redeviendra elle-même ! A Saint Etienne, c'est d'abord la jeunesse qui se dresse. René Seyroux, Claudius Volle, Denise Bonhomme, Roger Faure-Dauphin, Henri Perrin dit CV et Violette Maurice, ces deux derniers seront déportés. "
Lucien Neuwirth, Du fournil au peloton d’exécution (1986)
On le sait en effet la sauvegarde des archives est une des conditions pour permettre l'écriture de l'histoire et préserver la mémoire. C'est particulièrement vrai pour les documents liés à la Résistance et à la Déportation. Compte tenu du contexte de l'époque et du fait de la clandestinité, ces archives sont rares. Souvent, par mesure de précaution, les documents étaient détruits après avoir été lus. Les quelques documents qui restent sont souvent sur un support fragile, presque illisible (écriture qui s'efface...).
"Cette démarche, poursuit Nicole Noisette, nous a permis par exemple de recueillir des informations sur le "groupe Rive-de-Gier" du Réseau Ange, moins connu que celui des Monts du Forez, et qui a saboté l'usine Duralin qui fabriquait des moteurs au profit de l'Allemagne. Gilbert Drivon m'a apporté de précieuses informations sur le rôle joué par son père Auguste. J'ai aussi rencontré Mme Drivon-mère, peu de temps avant sa mort, qui a écrit son témoignage et m'a prêté des documents à propos de cette opération."
Une dizaine de fonds sont exposés dont celui de Gustave Gimon qui durant l'Occupation tenait une pharmacie rue Gambetta à Saint-Etienne. Son officine avait la particularité de s'appeler la " Pharmacie de la Croix de Lorraine ". Une photographie en couleur la montre avec ses vitrines affublées de grosses croix rouges. Aussi incroyable que cela puisse paraître, elle était le point de ralliement d'hommes venus en mission d'Alger ou de Londres ! "Parmi les fonds privés, il est particulièrement intéressant. On y trouve par exemple les fiches des services de renseignement allemand (SD) établies à propos d'individus soupçonnés d'appartenir à un réseau. Il y a encore la lettre de Gabriel Tardy envoyé à son cousin René Fessy peu de temps avant son exécution le 18 août 44." A découvrir encore, grâce au fonds Mme Bocquin, née Violette Maurice, les deux premiers numéros de "93", le journal fondé en 1943 par le groupe du même nom et dont Violette Maurice fut une des chefs de file. Seulement quatre numéros furent publiés. "Quatre-vingt-treize, jamais les Français ne furent un si grand peuple !" proclamait le journal à la Une.
Le commandant Marey, chef de l'Armée Secrète de la Loire, défilant après la Libération le 25 août 1944
- Arch. dep. Loire, 23 J 11 -
Photo: Léon Leponce
Originaire des Monts du Forez, le commandant Marey est tombé en Algérie lors d'une embuscade (1959).
Le fonds Mme Jean Stouff évoque l’Ecole des cadres des Mines de Terrenoire, dirigée par Jean Stouff, membre de l'Armée Secrète et organisateur de nombreux maquis. Des tracts, des journaux, des photos (obsèques de Maurice Knoblauch, dynamitage du viaduc des neuf ponts au Pertuiset...) sont encore à découvrir jusqu'au 28 mars 2008, de même que des objets prêtés par le Musée d'Estivareilles, dont des armes, en particulier le célèbre "Sten" anglais et un parachute qui rappellent qu'une quarantaine de parachutages d'armes a été effectuée et 529 actes de sabotage réalisés dans notre département.
Container de parachutage
Entrée libre – Tous publics
Rue Barrouin, Saint-Etienne
04 77 93 58 78