Au siècle de Louis XIV, de nombreux explorateurs, soldats, négociants et hommes de religion ont entrepris de périlleux voyages pour asseoir le prestige du Trône de France. Au Nouveau-Monde, Jacques Marquette, Louis Joliet, Cavelier de La Salle, Daniel Greysolon du Luth... explorent la région des Grands Lacs canadiens et le Mississippi. En Asie, Jean-Baptiste Tavernier commerce avec l'Inde et François Caron fonde le comptoir de Surat...
L'exposition "Au siècle des Lumières, trésors de voyageurs, en Orient", nous invite à marcher sur les pas de quelques explorateurs missionnés par le roi et son ministre Colbert. Leurs noms: Paul Lucas, Jean-Baptiste Tavernier, Jean Chardin, François Bernier et Jean Thévenot.

"Leur point commun, explique Daniel Pouget, outre le fait qu'ils marchent vers l'Orient, est qu'ils sont fils d'orfèvre et qu'ils voyagent tous pour alimenter les réserves en pierres précieuses, perles et objets divers dont leurs pères avaient besoin pour l'exercice de leur métier." Le premier, Paul Lucas, d'origine normande, a amassé des collections dans le pourtour méditerranéen et revint en France au moment où Louis XIV ouvrait à Versailles son cabinet de curiosités. "Puisque le roi est insatiable, c'est bien connu" Lucas fut nommé "antiquaire" et se vit confier la mission d'alimenter les collections royales en antiques, médailles et objets précieux d'Orient. Les collections du Normand, amassées en divers pays (Egypte, Tunisie...) sont exposées aujourd'hui au Louvre.

Les bijoux admirables et les costumes, en provenance de Djerba, que présente Daniel Pouget, illustrent un épisode de la vie de Lucas. Lors d'une escale sur cette île, le potentat local lui proposa de devenir son médecin personnel en même temps qu'il lui offrait la main de sa fille. Lors des présentations, la princesse, a écrit le voyageur, portait sur elle pas moins de douze kilos d'or ! Pourtant Lucas déclina l'offre. Nous n'avons pas demandé à Daniel Pouget les raisons du refus. Il faudrait lire la relation de l'explorateur. Etait-ce au dessus de ses forces que d'être l'obligé d'un second soleil ? Se peut-il que notre homme ignorât que sous leurs parures, les femmes sont nues ?


Argile de la région de Molela: Hanuman, divinité à tête de singe. On lui avait demandé de ramener l'herbe précieuse de la montagne Himalaya pour rendre la vie à Lakshman. Il ne sait la reconnaître et ramène toute la montagne. Gamin insupportable, Hanuman....
Les périples de Jean-Baptiste Tavernier et de Jean Thévenot sont illustrés par de nombreux objets dont de magnifiques costumes turkmènes chargés de métal et de bijoux. De ses six voyages et demi (le dernier s'acheva à Moscou; il avait 84 ans !) Tavernier ramena de nombreuses perles et des pierres précieuses. Il explora aussi, peu ou prou, les paradis artificiels, d'où la présence des pipes à opium. Quant à Thévenot, il est connu pour ses récits de voyages en Europe, au Moyen-Orient et en Asie. Les cylindres en métal doré rappellent qu'on lui doit en France en 1655 l'introduction du café. L'exposition offre également à contempler des miniatures persanes rapportées par Jean Chardin, un familier du roi Shah Abbas II et dont l'esprit huguenot ne s'accommoda guère de la pratique des harems. "Par contre, fait remarquer l'ethnologue, François Bernier, ne se priva pas, d'où les objets de hammam présentées au public, brûle-parfums anciens et flacons..." Un temps mignon du roi, philosophe épicurien, Bernier visita la Syrie, l'Egypte, l'Inde et séjourna douze ans dans les àtats du Grand Mogol, dont il devint le médecin. De nombreux objets en lien avec les pratiques religieuses (une statue du malicieux krishna notamment, des planches anatomiques...) témoignent de son intérêt pour les us et coutumes du sous-continent indien.

Il convient de préciser que le Couvent n'est pas un musée. La visite des lieux se fait en compagnie de l'hôte, également grand voyageur et remarquable conteur. Satisfaction garantie.
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