Les autres l'avaient quittée la veille, formant deux colonnes, l'une partie dans la matinée et l'autre, plus importante, partie en fin d'après-midi. Elles étaient commandées respectivement par les officiers Schwartz et Metger. Il y a dans le convoi de nombreux Tatars de la Volga et des miliciens. Il va mettre deux jours pour parcourir les 40 km qui séparent Le Puy de Craponne-sur-Arzon.

La première colonne, celle de Schwartz, échange des tirs avec les résistants au Col de la Croix de l'Arbre. Sous la pression des mortiers allemands, les maquisards se replient. L'un d'entre eux, Antoine Darne, est blessé. Plus tard, ce 18 août toujours, à Bellevue-la-Montagne, un car transportant des maquisards est pris sous le feu ennemi. Dix d'entre eux sont tués dont Antoine Angeli, responsable de ce détachement du groupe FTP de Théo Vial-Massat.

Quant à l'autre colonne, celle de Metger, elle est accrochée sur la commune de Polignac (deux soldats tués).
Le lendemain, 19 août, des échanges de tirs ont lieu aux Estables, sur la commune de Félines. Ils durent trois heures et font deux morts côté allemand. D'autres, à Chomelix, durent une heure. Un jeune d'Ambert âgé seulement de 15 ans, Claude Liard, trouve la mort, tué semble-t-il par un coup de mortier. A Craponne-sur-Arzon, deux prisonniers sont abattus froidement: Emile Chevalier, du camp Wodli, blessé au cours d'un combat, et Jean Vauris. A Craponne, une rue inaugurée ce 24 août porte désormais le nom d'Emile Chevalier. Ce ne sont pas les seuls prisonniers à avoir été exécutés. Sur la commune de Chomelix, deux autres subissent le même sort le 20 août: le capitaine Seigle, originaire de l'Ain, et son chauffeur, Lucien Cornern.


Les deux colonnes se retrouvent entre Sauvessanges et Viverols à l'Ouest d'Usson en Forez. Notre balade ne nous conduira pas, en raison de la vogue, à Usson où dans la mairie une plaque rend hommage au groupe "France" (constitué de gendarmes) et au G.M.O. Bir-Hakeim. Nos deux dernières étapes, avant le bourg d'Estivareilles, sont celles de la ferme de Pommiers et l'ancienne auberge Jasserand. C'est dans la ferme de Pommiers que le commandant Marey, chef de l'Armée Secrète de la Loire, rencontre le colonel Metger. Ce dernier accepte le principe de la reddition, laquelle est définitivement signée dans la nuit du 21 au 22 août au café Jasserand, à Merle.

"Ce ne fut pas un fait simplement banal puisque parmi les assaillants, il y eut des morts" rappelait Paul Calmels, le président de l'Association nationale des Anciens combattants résistants et Amis de la Résistance. A ses côtés avaient pris place le secrétaire général de la préfecture, Clément Rouchouse ; le lieutenant colonel Hinterlang, délégué militaire départemental ; Yves Devèze, adjoint à la ville du Puy ; Maurice Duc, président des Combattants volontaires de la Résistance et des cadets de la Haute-Loire ; et Raymond Gimbert, président de l'Union des anciens combattants. Un petit public s'était joint aux autorités civiles et militaires, dans les rangs duquel on reconnaissait Méla Volle, résistante et femme du capitaine Lulu, chef du groupe Lafayette, qui prit une part active dans la libération de la ville. "Ce dernier, les 18 et 19 août 1944, aidé par les représentants de la gendarmerie, la police, puis un groupe de résistant de l'AS d'Yssingeaux, harcela, encercla la garnison allemande qui était restée au Puy suite au départ de deux convois vers saint-Etienne le 18 août" soulignait Paul Calmels.

Le parcours s'est achevé à Estivareilles où plusieurs gerbes furent déposées. Sur notre photo, le maire de Saint-Etienne, M. Perdriau.