Friday, December 01, 2023

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En 1869, le conseil municipal (municipalité de Benoit Charvet)  décide de créer sur le cours Victor Hugo un marché couvert “ pour désengorger certaines places et donner plus de salubrité aux marchés et à la criée ”. L’architecte M. Mazerat dessine les plans du bâtiment, approuvé le 6 octobre 1869 par le conseil municipal. Il s'agit semble-t-il de Louis Mazerat et non Marcel. C'est le prénom indiqué sur la plaque de rue de l'impasse qui jouxte le bâtiment. L'erreur, souvent reproduite (Forez Info, L'Essor, site des Archives municipales...), semble provenir de l'ouvrage Saint-Etienne pas à pas de François Ménard, publié en 1987. L’édification débute cette même année sur un terrain des Ursulines, don des religieuses à la Ville, et ne se termine qu’en 1872 en raison du conflit de 1870 et du surcoût du devis initial.

Les halles portent désormais le nom de Mazerat. Par le passé, elles furent appelées marché Saint-André (le nom du cours Victor Hugo date de 1886, c'était auparavant la rue Saint-André), marché des Gauds ou "la ferraille" (années 1950)...



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Le lieu est ouvert au public le 25 mars 1872.

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Les halles croquées par Chapelon dans son Saint-Etienne pittoresque (1924): " (...) Depuis son entrain n'est alléqu'en croissant, car le commerce de l'alimentationn'a jamais de chômage et les estomacs ne font jamais la grève. Charcuterie, volaillerie, boucherie, poissonnerie, légumerie, oeuferie, beurrerie, et fromagerie reçoivent les pratiques dans leurs engageantes boutiques. Ah! Le ventre de Saint-Etienne mérite qu'on le traite comme on le mérite. Et les quelques marchands de vin de la cité se chargeront, sans eau, d'arroser toute cette mangeaille et de lui faire passer le goût d'ail."

Construites dans le style Baltard, qui conjugue fer et fonte, ses façades sont constituées de persiennes fixes en bois, positionnées par des châssis métalliques. L'édifice, de quelque 70 mètres de long sur 26 de large,
comprend dix boutiques de bouchers, huit boutiques de volailles, gibier et charcutier, neuf boutiques de beurre et fromages, quatre boutiques de tripier, des petits compartiments pour les marchands de fruits et légumes, et l’installation de deux ventes à la criée, d’une loge de concierge et du bureau de l’inspecteur. Les marchandises sont stockées en sous-sol dans des caves voûtées en pierres.

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En 1884 les trois criées publiques (criée aux poissons puis criée à la viande et aux produits de boucherie) sont mises en place; leur fonctionnement reposant sur le principe des enchères. Les produits sont vendus à haute voi
x et à prix bas. Au total, le marché accueille 165 commerçants. Les restaurateurs viennent s’y approvisionner. Les arrivages de poissons de l’Atlantique sont quotidiens. On peut faire son marché à l’abri, et déguster le traditionnel vin blanc matinal entre négociants. Les locaux réservés à la criée furent mis en vente en 1936 par la municipalité.

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Quelque 60 commerçants y vendent leurs produits en 1963. En 1964 les halles commencent à être modifiées pour les rendre plus fonctionnelles, au détriment de leur esthétisme. Le réseau électrique est amélioré, le revêtement du sol et les entrées sont modifiées. Des portes en verre à ouverture automatique sont mises en place.

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En 1966 est installée une couverture métallique bleue.

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  Elle est retirée en 1988 et des travaux de rénovation et de restauration sont entrepris.
 
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En 2000 le magazine municipal de Saint-Etienne se félicite de l'entrée aux halles de deux nouveaux commerçants: Marie-Louise et René Quinquandon, "bouchers dans divers quartiers stéphanois depuis 1963", et Nathalie Bayle qui y a installé son enseigne de fromagère-crémière, "la ferme normande". Celle-ci propose quelque 140 sortes de fromages...
 
En 2005 les commerçants des halles occupent 700 mètres carrés avec une ouverture de 6h à 13h. Les derniers commerçants et le marché biologique quittent les lieux en février 2006.

En 2007 le groupe Casino projette d’y ouvrir un espace dédié à l'alimentaire.  Débutent  alors plusieurs mois de travaux qui aboutissent à une remise en valeur du bâtiment. Si la structure même de l’édifice  n’est pas modifiée,  l’ensemble bénéficie  d’une restauration complète : vitrines, baies vitrées, huisseries sont changées dans leur intégralité. Un raccordement au chauffage collectif gaz et une rénovation des circuits électriques remettent  ce bâtiment en conformité avec les normes actuelles. L’agencement intérieur est entièrement repensé et la création d’un escalier intérieur doit permettre à terme d’accéder au sous sol. A l’automne 2007, c’est sous l’enseigne Casitalia que Casino redonne vie aux halles  en proposant  une nouvelle offre commerciale, complétée par l’arrivée de commerces de proximité.
 
Ces halles "new look" ont ouvert leurs portes le jeudi 13 septembre 2007, abritant donc un supermarché Casitalia de 650 mètre carrés, spécialisé dans les produits italiens, et des commerces indépendants: une boulangerie ("Histoire de pains") la charcuterie Torrilhon et la fromagerie Gérentes.
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Et en 2011 une brasserie - restaurant: Brussel's Corner (pub BXL).
Casitalia a ensuite laissé la place à un Leader Price Express (Casino toujours)... La fromagerie, la charcuterie et la brasserie étaient toujours là courant 2018. Le BXL a ensuite déménagé non loin, place Grenette.
 
En 2019, la municipalité annonce un projet de réhabilitation en vue de "halles gourmandes". Le chantier, de 5 millions d’euros s’étendant sur une surface de 1600 mètres carrés de surfaces hors sol et 1200 mètres carrés de caves voûtées en sous-sol, fut conduit par la société ligérienne Inovy, secondée par le cabinet d’architectes stéphanois Cimaise.

Jérôme Nuiry, dirigeant d'Inovy (extrait du dossier de presse) : « Sur le plan pratique, l’idée principale était de conserver le châssis métallique qui fait la caractéristique des Halles Mazerat depuis 1872. Cependant sur le plan purement technique les aménagements ne reposent pas sur ce châssis dont nous ne connaissions pas la résistance mais sur des structures entièrement neuves, de sorte que le châssis ne sera pas mis à mal avec les années et continuera de raconter l’histoire de ce lieu. En sous sol nous avons dû composer avec les voûtes et rendre fonctionnelles et accessibles ces surfaces pour le stockage et la réserve de froid. La réhabilitation est un ouvrage délicat qui est soumis à de nombreuses exigences techniques mais aussi, en l’occurrence, des impératifs réglementaires. Les décisions ont été prises en concertation avec tous les intervenants dont les architectes des bâtiments de France qui ont pu valider les travaux. Tout a été mis en œuvre pour atteindre notre objectif final qui consistait à redonner à ce site toute sa majesté en y associant l’aspect fonctionnel et moderne qui lui est dévolu. Pour Inovy c’était l’occasion de participer au rayonnement du patrimoine architectural et historique de la ville. »

Le lieu fut inauguré le vendredi 3 septembre 2021. Y prennent place plusieurs traiteurs restaurateurs dont un libanais et un japonais, deux street food dont un de cuisine taïwanaise, un bar à truffe – épicerie fine, un fromager, un poissonnier, une boucherie-charcuterie, une boulangerie, une crèmerie, un primeur, un marchand de vin...

Ouvertes six jours sur sept (fermeture le lundi), les halles accueilleront plus d’une centaine d’événements et d’animations culinaires chaque année, organisés par l'équipe Biltoki locale: dégustations, ateliers de cuisine, soirée tapas géante, marchés nocturnes, braseros et barbecues, etc. En effet, les halles Mazerat font partie du réseau de halles que développe partout en France, depuis 2015, la société basque Biltoki avec l'ambition de leur « redonner leurs lettres de noblesse et proposer une offre gastronomique singulière » (extrait du dossier de presse).

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