Thursday, September 21, 2023
Le 5 août 1914,  le quotidien La Loire Républicaine fait savoir qu'à  la demande de Jean Neyret, maire de Saint-Etienne, des militaires vont patrouiller dans certains quartiers la nuit. Le général Boell a pris ses fonctions la veille. Cet "enfant de l'Alsace" est le commandant de la place d'armes de Saint-Etienne, des dépôts et subdivisions de Saint-Etienne et Le Puy.


Crise d'espionnite aiguë

Une vague de paranoïa et d'antigermanisme déferle vite sur la ville. Le 4 août, le taulier du café de la Banque, place Marengo (future place Jean-Jaurès), avait signalé l'"attitude plus que troublante" de cinq personnes - des "Allemands". Celles-ci ont été appréhendées. A la Terrasse, près des lignes de chemins de fer, d'autres "Allemands" sont arrêtés et emprisonnés. Certains sont capturés par de simples citoyens et "houspillés" par la foule. "Des individus qui avaient émis des phrases peu convenables à  l'adresse de la France furent mis à  mal par la foule", écrit le journal, qui ajoute mollement: " Cependant il faut que nos concitoyens se gardent des mouvements impulsifs. Qu'ils arrêtent tout individu suspect qui ne peut justifier de son identité, mais qu'ils ne le frappent pas."  Suit un appel au sang froid plus ferme, mettant en garde contre les fausses nouvelles (des régiments auraient déjà  été décimés) et la phobie des espions: " Depuis quelques jours, il s'est produit dans notre ville de très graves méprises..." Ici, c'est un employé du bureau de bienfaisance qui, prenant des notes, est frappé violemment; là , c'est un sourd-muet qui, n'ayant pu décliner son identité - on se demande bien pourquoi -, est "odieusement malmené"... " On a parlé et on parle  d'arrestations d'espions déguisés en prêtres, en capucins, en femmes et aussi en soeurs ! On parle même d'exécutions sommaires !"
 
Le Journal de Roanne dans son édition du 16 août se fait l'écho de faits similaires dans le nord du département. Ainsi il relate l'arrestation par les gendarmes de Saint-Haon d'un certain Sivelle, qui aurait mené grand train, reçu des Allemands et qui se serait rendu souvent outre-Rhin. Et de lui prêter ce langage : " Un jour viendra où la France sera anéantie par l'Allemagne." Il fut conduit à la gare de Roanne et, toujours escorté par des gendarmes, mis dans un train pour Clermont. Nous ignorons quelle suite fut donnée à cette affaire. A Briennon, c'est un certain Georges Rameseyer, 52 ans, qui est arrêté pour avoir tenu, soit-disant, des propos antipatriotiques.


Nicht Deutsch !

A partir de la mi-août, La Loire Républicaine publie des mises au point communiquées par des personnes que la rumeur inquiète. Oui le brave monsieur Hertz, opticien de la rue Valbenoîte, peut justifier de sa qualité de Français ! Quatre de ses frères ont servi sous les drapeaux français, un est au feu et un autre attend son ordre d'appel. De même que monsieur Hormuth, tailleur, rue de Paris, dont les deux fils sont mobilisés et défendent notre frontière de l'Est contre l'envahisseur ! Le Mémorial aussi relaie de regrettables "méprises" concernant des personnes aux noms aux "consonances teutonnes".  Ainsi ces messieurs Schnerb et Bernheim, en réponse aux calomnies, assurent que ça fait une paye qu'ils sont établis en France et à  Saint-Etienne, et qu'ils jouissent de leurs droits civiques et politiques. Alsaciens, les Schnerb, directeurs des magasins "Au Grand Paris", "A l'innovation" et " A la Simplicité", habitent la France depuis 1890. Certains de leurs proches parents ont combattu en 1870 et à  l'heure actuelle, un frère, un beau-frère et trois neveux sont sur le front dans les armées françaises. Quant à  Jules Bernheim, directeur des magasins "A la Renommée", il est né à  Lyon de père alsacien ayant opté pour la France, et vit à  Saint-Etienne depuis 24 ans. Le 6 août, ce même journal publie une lettre de Charles Mosser relative à  des "bruits absurdes" qui courent sur son compte et sur sa nationalité. Il est le directeur de la Société des Brasseries de la Loire. Il souligne qu'il est né en 1863 à  Saint-Etienne de parents alsaciens ayant opté pour la France. Il fut aussi conseiller municipal. Bière toujours le 8 août: Gaston Bollack, d'origine alsacienne, directeur de la Brasserie Nationale au Rond-Point, est Français, point barre.
 
Le Stéphanois publie aussi dans son édition du 30 août l'appel au secours de M. Deveaux, directeur à Boën d'une usine de fibres de bois. Il se dit victime, ainsi que le propriétaire de l'usine, M. Bénézech, de la malveillance d'habitants qui font courir le bruit qu'ils sont Allemands. " (…) ils ont été jusqu'à dire que j'étais un espion, s'indigne le malheureux; ceci dans le but de monter le public, afin de faire incendier l'usine, quitte à me faire brûler ainsi que ma famille, car j'habite dans l'usine." Le journal publie à la suite la mise au point du maire de Boën qui "certifie avoir reçu du maire d'Angoulème (Charente), à la date du 17 août 1914, un extrait de naissance sur timbre et légalisé, au nom de Deveaux Ernest, né à Angoulême le 17 mai 1871, fils de Deveaux Jean-Baptiste-Constant, dentiste, et de Anne-Evelina Chansaud..."


Volontaires !

Début août, le Comité de la Société italienne de Saint-Etienne, par la voix de son président, M. Reyneri, annonce dans les colonnes des ces deux journaux qu'il ouvre une liste de volontaires pour collaborer à  la défense de la France. " Italiens de Saint-Etienne et de la région, groupons-nous autour de nos frères français et prouvons que nous sommes reconnaissants de l'hospitalité fraternelle et de la large bienveillance du peuple français." Quelques jours plus tôt, diverses personnalités de nationalités étrangères, dont le Suisse Blaise Cendrars et l'Italien Ricciotto Canudo, avaient lancé un vibrant appel pour inviter leurs compatriotes à  les suivre dans le combat pour la défense de la France. Le petit-fils de Giuseppe Garibaldi vint lui-même montrer l'exemple. Mais c'était un mercenaire professionnel. Rappelons que l'Italie n'entra en guerre, et finalement aux côté de la France, l'Angleterre et la Russie, qu'en 1915.


Faits divers

Le 7 août, deux individus armés qui rôdaient depuis quelques temps dans les bois du Pilat, sont arrêtés par des habitants puis cueillis par les policiers de Saint-Chamond. Agés de 27 et 19 ans, Jean Gardon et Marcel Julien, respectivement armurier et maçon, sont décrits comme des "antimilitaristes" et "libertaires" membres d'un certain "groupe Germinal". Des associations d'entraides se constituent comme cette Ligue des Dames stéphanoises contre la misère pendant la guerre et dont le but est de secourir les personnes privées de ressources. Elle agira de concert avec le Bureau de bienfaisance. Des dons affluent. Etienne Mimard met 100 000 francs à  disposition du préfet pour être répartis pour moitié à  la section stéphanoise de l'Union des Femmes de France, et moitié à  la section stéphanoise de la Société de Secours aux Blessés, deux associations faisant partie de la Croix-Rouge française (La Loire Républicaine , édition du 8 août).

Le 11, La Loire Républicaine encore affirme que les tourelles de Liège ont été fabriquées à  Saint-Chamond. Depuis le 6 août, les forts qui enserrent la cité belge résistent farouchement aux assauts allemands et " c'est avec une particulière satisfaction" que le quotidien fait "cette constatation qui affirme la supériorité de nos grands établissements métallurgiques". 

Ne soyons pas trop vite pessimistes, même si on sait, nous, que le dernier fort de Liège tombera cinq jours plus tard. Demandons-nous plutôt aussi si le premier drapeau pris à  l'ennemi ne l'aurait pas été par un Forézien. " Ce serait un "brave garçon" de Rozier-en-Donzy, soldat au 10e Bataillon de Chasseurs à  Pied", avance prudemment le journal. Un certain V..., précise Le Mémorial, si on peut dire. Ce drapeau fut pris mi-août lors de la bataille de Saint-Blaise. Les cartes postales patriotiques qui le représentent mentionnent pour certaines le 10e Bataillon de Chasseurs à  Pied, d'autres le 1er Bataillon de Chasseurs à  Pied...

 

Publicité parue dans Le Mémorial


Commerçants de proie

Dès le 7 août, Le Mémorial fait état de nombreuses protestations, verbales ou écrites, concernant des commerçants qui, sans vergogne, exploitent à  leur profit la situation créée par l'état de guerre. Le préfet, M. Lallemand (ça ne s'invente pas), prendra un arrêté à  la mi-septembre fixant le prix de vente maximale à  la population civile de denrées alimentaires qui se raréfient:
Blé (froment): 27 francs les 100 kilos
Seigle: 19 francs les 100 kilos
Farine de froment: 38,5 francs les 100 kilos
Pommes de terre ordinaire:
- En gros, à  partir de 100 kilos: 10 francs les 100 kilos
- Au détail, moins de 100 kilos: 0, 125 franc (douze centimes et demi) le kilo


Prisonniers

Le 21 août, La Loire Républicaine relate l'arrivée à  Roanne, la veille, d'un second convoi de prisonniers de guerre allemands. Ils sont allés rejoindre leurs compatriotes arrivés précédemment. Soit au total environ 200 prisonniers. Le premier convoi était arrivé le 16 août. Les Archives Départementales de la Loire conservent la copie d'un télégramme du sous-préfet, adressé ce jour au préfet, rédigé comme suit: " Prisonniers allemands arriveront dans la journée à  heure indéterminée; ils seront vraisemblablement internés dans hangar aviation à  deux kilomètres de Roanne; ai insisté pour qu'ils soient traités avec correction et humanité et soustraits le plus possible à  manifestation hostile." Dès début septembre, on leur fait faire des travaux de terrassement. Par la suite, des prisonniers gardés à  Roanne travailleront aussi à  l'Arsenal.

 

Roanne: prisonniers allemands occupés à  charrier du sable (carte postale)

Les premiers prisonniers arrivent à  Saint-Etienne et Montbrison le 1er septembre. De Saint-Just-sur-Loire, 300 d'entre eux, dont treize officiers, rejoignent Montbrison. Craignant en gare de Châteaucreux une manifestation hostile de la population, les autorités font débarquer en gare de Bellevue les 159 autres prisonniers qui allaient être détenus à  Saint-Etienne. Ils sont ensuite emmenés à  Solaure pour être parqués dans une propriété appartenant jadis aux Jésuites. Une propriété "agréable, peut-être trop agréable pour des hommes qui appartiennent à  une race qui s'est mise délibérément hors de l'humanité", écrit La Loire Républicaine. Ce qui est habituel dans la presse de l'époque. Le Mémorial évoquait notamment "les sauvages de Germanie". Ils sont surveillés par des fantassins et des gendarmes. Ce sont pour la plupart des fantassins bavarois. Il y a aussi quelques artilleurs et hussards. 63 autres prisonniers arrivent le 10 septembre et sont dirigés vers Saint-Genest-Lerpt.

 

La presse de l'époque a vite faite d'enterrer le "boche". Trois jours plus tard, le gouvernement quitte Paris pour Bordeaux... (article relayé par La Loire Républicaine)

 

Ce fut l'un des dépôts de prisonniers dans la région stéphanoise, commandé fin août 1916 par le lieutenant De Gastines. Un autre était à  Saint-Rambert-sur-Loire, dans l'ancien noviciat (actuelle Maison de retraite départementale). Ce dernier était placé sous le commandement du capitaine Schénégans (ou Schnéegans ?) et avait la particularité de regrouper des prisonniers alsaciens et lorrains. Un autre dépôt, pour les Polonais, se trouvait au Soleil. On trouve aussi mention, au début de la guerre en tout cas, d'un dépôt situé à  Bouthéon, commandé par le capitaine Luce. Les prisonniers allaient être employés à  des travaux agricoles, sous la houlette de communes ou syndicats agricoles, de terrassement, de réfection des voiries... Les Polonais, en particulier, travailleront à  la mine ou dans les usines. Une lettre d'un commissaire de police du 1er décembre 1916 indique que 250 Polonais sont arrivés à  Saint-Chamond le 27 novembre pour travailler aux Aciéries de la Marine. Ils sont logés dans des baraquements à  La Varizelle (Izieux). On lit aussi aux Archives Départementales (9R6) de nombreuses lettres d'entreprises artisanales sollicitant la mise à  disposition de main d'oeuvre alsacienne. Elles sont adressées au président de la Chambre des négociants, M. Rivière, qui formule un premier avis et transmet à  l'ingénieur des Ponts et Chaussées. Le dernier mot revient au Préfet. Ainsi le 24 août 1915, un certain Lafont, charron de profession domicilié avenue de Rochetaillée à  Saint-Etienne: " Je vous sollicite d'avoir la bonté de bien vouloir me faire obtenir un boche comme ouvrier charron car il m'est impossible d'en trouver comme j'ai beaucoup de travail pour le transport du charbon pour les usines qui travaillent pour la guerre." Sa demande fut rejetée après avis défavorables estimant que le sieur Lafont ne paraît pas pouvoir employer un travailleur alsacien-lorrain sans avoir des ennuis. Il réitéra plus tard et un prisonnier lui fut accordé pour une période d'essai. En septembre de cette même année, une entreprise de pompes funèbres demande qu'on lui procure deux prisonniers alsaciens comme ouvriers menuisiers (avis favorable). En novembre, une dame Martinon réclame un pâtissier alsacien pour remplacer dans son commerce son mari parti au front. Pas d'objection. Là , c'est un certain Desprat qui demande à  ce qu'un  prisonnier dénommé Blom lui soit "adressé". Ce Blom est poêlier de profession et alors employé au P.L.M. Il serait bien utile à  ce Desprat qui doit installer le chauffage, dans des bâtiments communaux notamment...

 

carte postale

Premiers blessés

C'est le 23 août que les journaux indiquent l'arrivée à  Saint-Etienne, gare de Châteaucreux, des premiers blessés, au nombre de 195 dont cinq Stéphanois. Ce sont, écrit La Loire, des blessés dits "assis", c'est à  dire touchés "légèrement". Ceux qui sont plus sérieusement atteints, dits "couchés", étant évacués vers d'autres lieux (Vichy...). Ils sont dirigés vers les lycées de garçons et de filles, au pensionnat de Valbenoîte, salle de la rue du Palais-de-Justice (Jacques-Desgeorges depuis 1929) et rue Mi-Carême. Les blessés sont, d'après l'auteur de l'article, de "joyeuse humeur et pestent en général tous contre leurs bobos qui les éloignent  momentanément des combats qui se livrent à  la frontière pour l'honneur de la civilisation et de la France..." Ils reçoivent la visite notamment du préfet de la Loire, du maire et d'un adjoint: M. Peuvergne. Le 24, l'arrivée d'un deuxième convoi est annoncé. 300 blessés sont attendus. Puis c'est un 3e, qui arrive le 26 août. Au contraire des deux précédents, les blessés arrivent dans un train sanitaire spécialement aménagé. "Ce fut émouvant au possible et les spectateurs avaient le coeur serré..." Le 31 août, on apprend que le colonel Deleuze, commandant du 38e RI, régiment de Saint-Etienne, a été blessé et est soigné à  Saint-Etienne. Parmi les personnalités blessées figurent aussi le fils du directeur des établissements Casino et le fils du directeur de la verrerie de Saint-Romain-le-Puy. Un 4e convoi arrive ce même jour transportant une centaine de blessés appartenant pour la plupart à  l'Infanterie.

 

Dans le cimetière du Crêt de Roc à  Saint-Etienne

Morts

Le Journal de Roanne dans son édition du 16 août fait part de la mort du soldat Magnin, du 30e dragons de Saint-Etienne. Il est précisé qu'il était originaire de Saône-et-Loire. Dans son édition de septembre, L'Echo de Saint-Charles, le bulletin paroissial de Saint-Etienne, indique avoir appris le 11 août la mort au Luxembourg de ce maréchal des logis, peut-être le premier soldat de Saint-Etienne tué.
 
 
La première rubrique nécrologique " Nos morts au champ d'honneur", d'après les notes communiquées par les familles, paraît le 28 août dans La Loire Républicaine. Elle concerne un capitaine natif de La Talaudière, Maurice Ogier, instituteur de profession (à  Coutouvre puis à  La Talaudière), marié et père d'une jeune fille. Il a été tué dans les environs de Mulhouse. Le 4 septembre sont célébrées les obsèques du soldat Paul Stemphenise. Le deuil était conduit par le Préfet, le maire et les responsables du Souvenir Français. Originaire de Haute-Marne, blessé et transféré à  Saint-Etienne, Paul Stemphenise s'est éteint à  l'hôpital de Bellevue. Ce soldat "est la première victime de la guerre qu'abritera le monument du Souvenir Français". Le lendemain paraissent les annonces de la mort au combat notamment de Jean Bajard, fils de Jules Bajard, président de la Chambre de commerce de Roanne, et de deux autres officiers, instructeur et élève à  l'Ecole des Mines. Il s'agit, respectivement, du lieutenant De Longevialle et du sous-lieutenant De Mijolla. On a eu la curiosité de rechercher dans la liste des élèves et anciens élèves de l'Ecole morts pour la Patrie (éditée en volume en 1921) la notice du second. Xavier de Mijolla, natif de Saint-Denis, avait été tué le 19 août. Il reçut la Légion d'honneur à  titre posthume le 23 octobre 1920...


Des nouvelles du soldat Tardy ?

10 septembre 1914 dans La Loire Républicaine: " Mme Veuve Tardy, née Massardier, de Saint-Genest-Malifaux, qui a sept fils dont six sont actuellement sous les drapeaux, et le septième faisant partie de la classe 1915 et qui sera incorporé sous peu, est sans nouvelles de l'un de ses enfants, Claude-Marie Tardy, élève pharmacien, mobilisé le lundi 3 août et affecté au 133e Régiment d'Infanterie. Elle prie les jeunes soldats de ce régiment, blessés et se trouvant actuellement dans les hôpitaux de Saint-Etienne ou de Lyon, de vouloir bien, si cela leur est possible, l'informer de l'état de santé de son enfant. Elle remercie d'avance les personnes qui lui donneront de ses nouvelles."


Réfugiés fuyant le théâtre de la guerre

Dans une lettre datée du 30 août, adressée au Ministère de la guerre, le Préfet évoque 17 000 "bouches inutiles et réfugiés" à  venir ! Le lendemain, il demande aux chefs de gare du département et à  leurs employés de les traiter "avec la sollicitude qu'ils méritent" (A.D. 10R36). Les 3 et 4 septembre, on annonce de premières arrivées dont celle d' une famille belge de la région de Charleroi et d'une famille française de Valenciennes, composée, précise Le Mémorial, de deux femmes âgées et huit enfants. Ces réfugiés sont hébergés provisoirement dans un hôtel de la place Grenette. Le maire de Saint-Etienne lance un appel à  la solidarité pour prévoir des solutions d'hébergement et de nourriture. Une permanence à  ce sujet ouvre dans la Bourse du Travail. M. Gardant, propriétaire de l'Hôtel-du-Centre, rue José-Frappa (Saint-Etienne) met à  disposition douze chambres, soit 24 lits, "pour toute la durée de la guerre". Avait-il envisagé qu'elle risquait de durer longtemps ?

 

De son côté, la préfecture, dans un communiqué, se dit certaine que les municipalités et les populations accueilleront avec bienveillance nos compatriotes et nos alliés. Les maires des communes doivent les signaler auprès de ses services et pourvoir à  leur hébergement et nourriture, dans des établissements collectifs ou chez des particuliers. Les frais, dans les deux cas, seront couverts par l'Etat. La première quinzaine de septembre, la municipalité de Firminy interpelle la préfecture. Que doit-elle faire ? En prévision de l'arrivée de 500 réfugiés, elle avait aménagé des écoles. A la rentrée, certains classes de primaire durent être réparties dans d'autres écoles. Et c'est maintenant la rentrée des écoles pratiques qui approche (octobre)... La société anonyme des houillères de Saint-Etienne fait savoir au Préfet, le 14 septembre, qu'elle est prête à  embaucher 16 mineurs belges dont l'arrivée à  Saint-Etienne lui a été annoncée...


Photo d'introduction: détail du monument près du Musée d'Art et d'Industrie